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            La plupart des membres de la compagnie M reste sur place, jusqu’à ce que d’autres unités arrivent sur la terre ferme, plus tard dans la matinée.

            Sur la plage à 07h30 la situation est confuse et congestionnée. Les troupes des première et deuxième vagues se répartissent le long de la plage, derrière la digue.

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            Outre les débarquements déjà décrits, il y eut le débarquement des rangers.

L’ensemble du 5th Rangers Battalion, des compagnies A et B du 2nd Rangers Battalion, au large des côtes, a attendu en vain l’ordre de renforcer les rangers à la Pointe du Hoc. Selon le plan alternatif, les rangers doivent débarquer dans la zone du 116th.

            Les compagnies A et B du 2nd Rangers Battalion débarquent sur Dog Green, en partie dans la zone de débarquement de l’infortunée compagnie A du 116th Infantry Regiment.

            Quelques centaines de yards à l’est, le 5th Rangers Battalion débarque en bon ordre, avec de légères pertes, entre Vierville et Le Moulin, sortie déjà encombrée.

            La congestion allait être accrue avec le débarquement des avant-gardes du Provisional Engineer Special Brigade Group, du Medical Detachment, des Antiaircraft Units, de l’Artillery Reconnaissance Group et du Naval Shore Fire Control.

            À environ 07h30, le général COTA, commandant adjoint de la division et le colonel CANHAM, commandant du 116th RCT, sont débarqués entre le premier et le deuxième bataillon sur Dog White  dans un LCVP qui amène par roulement le personnel de commandement du 116th et l’avant garde du PC de la 29th Infantry Division.

PROGRESSION VERS LE HAUT DES FALAISES

            Un peu au-delà du flanc droit de la compagnie C, il y a dans la digue de quatre pieds de haut, un trou derrière lequel les hommes se réfugient.

            De l’autre côté de la digue, il y a le chemin de promenade, au-delà du chemin il y a une double clôture, et encore au-delà, à 150 yards, il y a un marécage qui s’étend jusqu’à la base des falaises.

            Les falaises sont raides et relativement nues, mais elles possèdent de nombreux points de défilade.

            L’infanterie ennemie couvre cette zone avec des fusils, tandis que les mitrailleuses du secteur sont réservées à la couverture d’autres parties des plages, laissant cette zone particulière exempte de tirs d’armes automatiques. Celle-ci va devenir la première zone de pénétration de la ligne de plage ennemie.

            Il est environ 07h50 quand la compagnie C commence à se déplacer.

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            Le PVT Ingram LAMBERT, transportant une torpille de Bangalore, rampe dans la brèche de la digue. Il traverse la route et fait entrer le long tuyau de cette charge de démolition sous les fils barbelés. Avant qu’il puisse partir, des balles de mitrailleuse l’abattent.

            Quand le lieutenant Stanley M. SCHWARTZ, chef de peloton, voit ce qui est arrivé, il quitte son poste derrière le mur, se précipite sur la route vers les clôtures de fils de fer où LAMBERT git mort. Il fixe l’allumeur sur la torpille Bangalore, met en place la charge, créant une explosion avec un souffle important.

            Les premiers hommes qui tentent de traverser la clôture éventrée sont abattus, mais d’autres suivent, se précipitent par l’ouverture et bondissent dans les tranchées, vides juste au-delà de la route.

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            Après que le premier groupe d’hommes est passé, les Allemands sur les falaises tournent leurs mitrailleuses et leurs tirs d’artillerie cherchent à couvrir le trou dans les fils barbelés. Malgré cela, toujours plus d’hommes s’engouffrent dans la brèche et atteignent les tranchées.

            Cinq à dix minutes après, le groupe commence à grimper les tranchées et à se diriger vers les falaises. Les hommes se dissimulent dans les hautes herbes ou derrière les quelques buissons épars dans le marais.

            Ils atteignent la pente des falaises où ils trouvent une couverture dans des positions en défilade, où ils sont également dissimulés par la fumée.

            Ils progressent lentement, se déplaçant pour la plupart en colonne étroite car ils examinent le sol devant eux à la recherche des mines enfouies.

            À la crête des falaises, ils trouvent les tranchées ennemies inoccupées. Ils progressent vers l’intérieur sur deux cents yards dans les champs sur le plateau, jusqu’à ce qu’ils soient interrompus par des tirs de mitrailleuses sur leurs flancs.

            Bientôt d’autres troupes renforcent et étendent cette première pénétration importante de la journée.

            Les unités du 5th Rangers Battalion qui ont également débarqué sur cette zone, hors de leur secteur assigné, suivent la compagnie C vers le haut des falaises. Quelques uns de leurs hommes ignorent qu’il y a une force amie devant eux. Ils se précipitent à travers quatre ouvertures qu’ils créent dans les barbelés vers 08h00, traversent la plage au pas redoublé.

            Sur les falaises, ils ralentissent parce qu’ils doivent progresser en rampant, mais la quasi totalité du bataillon arrive en haut des falaises vers 09h00, avec la perte de seulement huit hommes.

            De petits groupes survivants de la compagnie F et une partie isolée de la compagnie B, atteignent également le haut des falaises à l’ouest de LES MOULINS vers 09h00.

            À l’est, trois compagnies d’infanterie (I,K,M) du 116th, troisième bataillon, parviennent en haut des falaises approximativement à la même heure.

            Le restant de la 2nd Rangers Company C atterrit à droite de la compagnie A du 116th. Ils atteignent le sommet à 07h30, après avoir gravi une falaise abrupte de quatre-vingt-dix pieds à l’aide de quatre cordes.

            La compagnie est bientôt renforcée par une section de la compagnie B du 116th qui a débarqué dans la deuxième vague et se déplace à droite le long de la plage pour faire l’ascension grâce aux cordes.

            Ces deux petits groupes se dirigent à l’est sur les positions allemandes vers une maison d’où ils ont reçu des tirs d’armes légères.

            Bien que la maison ne soit pas fortifiée à proprement parler, il y a une place forte ennemie plus loin derrière, commandant l’approche des plages de Vierville.

            Et toute la matinée est consacrée à une série de petites attaques sur les tranchées de communication, créant des sorties jusqu’à ce que la position soit finalement réduite.

            Un résumé officiel des événements qui eurent lieu lors de l’avancée du Division PC, au débarquement et au jour J + 1 heure, clarifie certains des événements du jour J et localise avec précision certaines actions.

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En voici quelques extraits :

              « Le général COTA, son aide de camp, le lieutenant SHEA, et un opérateur radio, quittent l’APA CHARLES CARROLL, avec le colonel CANHAM du 116th, et l’avant-garde de l’état-major du 116th Infantry Regiment à environ 05h00, le 06 juin 1944.

            Ce groupe a débarqué sur la plage Dog White à environ H + 60 minutes.

Ces hommes sont restés avec l’avant-garde du poste de commandement du 116th lors de la prise de Vierville et jusqu’à ce que les troupes commencent leur avancée vers la pointe.

            Après avoir effectué une reconnaissance du point de sortie de la plage de VIERVILLE, le groupe se déplace à l’est, le long de la plage, pour localiser le reste de l’état-major de la 29th Division qui devait débarquer autour de Dog Red.

            Le reste du commandement de la 29th Infantry Division quitte l’APA CHARLES CARROLL approximativement vers 07h30 pour débarquer sur DOG RED. Au moment de quitter l’APA, le barreur reçoit l’ordre de diriger le LCVP sur la plage.

            Le LCVP est en route depuis environ trente minutes quand le barreur demande au major WATTS, chef du personnel du groupe de commandement, s’il sait où le groupe doit aller. On découvre alors que le barreur est parti sans boussole.

            Le LCVP navigue donc à l’estime, faisant usage d’une boussole de poche, et en approchant de la plage, le major se signale à un PC, découvre qu’ils sont au centre du secteur de la First Infantry Division.

            Ils se dirigent à l’ouest afin de trouver le bon PC, droit vers Dog Red, où ils se retrouvent sous un feu nourri. Il n’y a pas de troupe en vue sur la plage, et il est impossible de débarquer à cause de l’action de l’ennemi.

            Le major WATTS ordonne alors au barreur d’aller à l’est jusqu’à un site de débarquement possible. Ils touchent terre à environ cinq cent yards à l’est de la sortie D-3 St Laurent sur Mer.  »

            Deux LCT qui transportaient des éléments du 58th Armored Field Artillery, débarquent dans le même temps ; à environ 09h00, ils reçoivent des tirs directs de l’artillerie ennemie au moment de toucher le sol.

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            L’état-major s’est déplacé vers l’intérieur, en se réfugiant des tirs ennemis derrière un mur sur la plage, et il s’enterre là.

            À ce moment, à environ 09h30, la plage est couverte de troupes qui sont bloquées par les tirs ennemis. Les bataillons du 6th Engineer Special Brigade ainsi que les second et troisième bataillons du 116th sont débarqués eux aussi sur cette plage.

            Le major BRATTON s’engage sur la plage à l’ouest, et le major WATTS à l’est pour prendre contact avec les éléments de commandement du 116th RCT.

            Des troupes sont signalées à mi-chemin dans le haut des falaises.

            Le capitaine CLARK, officier de liaison de la 4th Infantry Division s’avance et communique avec un officier du second bataillon. Il trouve ces éléments juste au dessus de la falaise, parmi eux, il y a de nombreux blessés.

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            Le major WATTS contacte le brigadier général WYMAN, commandant adjoint de la First Infantry Division. Il l’informe qu’il a ordonné au 115th Infantry Regiment de débarquer d’ici quelques minutes dans le secteur de la First Division, et il demande au major WATTS de garder le contact avec lui, d’installer si possible un câble téléphonique, de son quartier général qui était dans un blockhaus jusqu’au PC de la 29th Infantry Division qui se trouve à 800 yards à l’est.

            Le général COTA atteint le PC de la division peu de temps après que le contact a été fait avec la First Division. Il signale également au PC de la First Division que l’ordre a été donné de placer le 115th sous le commandement de l’état major du 29th.

 

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            En raison du feu de l’artillerie ennemie sur la plage, le major BRATTON déplace le PC de la division de la plage à environ deux tiers vers le haut de la falaise.

            Le PC est par la suite déplacé à la périphérie de St Laurent sur Mer, où il reste pendant la nuit du jour J + 1.

            À plusieurs endroits de la plage d’OMAHA, le plan d’origine du débarquement n’a pas pu être mis en œuvre. De nombreuses unités ont été décimées ou ont été tellement éprouvées par les tirs ennemis qu’elles n’ont plus la force de combattre. D’autres unités ont débarqué sur de mauvaises plages et, ne sachant pas où elles se trouvaient, ont improvisé leurs propres plans. Les débarquements très dispersés ont perturbé les compagnies avant qu’elles n’arrivent sur les plages, la désorganisation régnant même parmi les équipages des bateaux.

            Le capitaine Robert E. WALKER, qui est venu sur la plage en tant que membre du S-2 116th Infantry Regiment, décrit la scène de la bataille dans la matinée depuis son point de vue :

            « Les lance-flammes sur nos péniches de débarquement ont été touchées. Des flammes brûlaient tout autour du pont et certains des hommes étaient en feu. J’ai vu un homme avec six pouces de brûlures et boursouflures sur son visage.Un autre homme avait ses cheveux en feu. Il s’est glissé vers la rampe, a plongé la tête la première dans l’eau et s’est noyé.

             D’autres ont sautè par dessus bord et ont essayé de nager à 150 yards de la terre. Ceux qui réussirent à atteindre le rivage, avaient avalé beaucoup d’eau, ils étaient malades et vomissaient sur la plage.

            Partout où je regardais, je pouvais voir des morts et des blessés. Quand je me suis déplacé sur la plage, je n’ai pu trouver aucune carabine ni aucun casque sur quelques cent yards de plage.

            Les hommes les avaient laissés tomber dans les bateaux ou dans l’eau…

            J’ai rencontré un lieutenant des rangers et nous nous sommes informés par radio de la situation sur d’autres parties de la plage. L’homme qui nous a répondu n’essayait pas d’être drôle. Avec une voix sérieuse il a dit : « la situation sur la plage est normale… »

            Dans la confusion, l’incertitude et la terreur des premiers combats, des choses se produisent à l’opposé de ce qu’elles sont censées être.

            Un marin britannique qui pilotait une des péniches de débarquement a refusé de laisser tomber la rampe, les hommes s’en sont pris à lui.

            Le capitaine d’un des bateaux de la compagnie D du 116th a stoppé sa péniche de débarquement à quatre cent yards de la plage. Il a refusé de s’approcher plus des plages et a dit aux hommes qu’ils n’avaient qu’à sauter par dessus bord et nager jusqu’à la terre ferme.

            Un sergent de peloton a bloqué le barreur qui tentait d’abaisser la rampe et a exigé qu’il amène le bateau plus près. À deux cent yards de la rive, le bateau a heurté un obstacle et a coulé, mais à l’endroit-même, l’eau était seulement à la hauteur de la taille et les hommes ont pu patauger jusqu’à la plage.

            Le capitaine Maurice N. Mc GRATH, qui est venu avec la section de liaison filaire (téléphonique) du 116th à environ H + 85 raconte :

         «  La marée revenait très vite et la plage était bondée d’hommes, dont la plupart était immobilisée et semblait dans l’incapacité d’agir.

            Le major MC WHORTER, officier de liaison de la 9th Air Force, était avec moi.

            J’ai vu le major WELLER et nous avons convenu de descendre et de sortir de la plage les hommes qui s’y trouvaient, c’était le plus important pour nous. Je suis allé faire une reconnaissance sur la colline. La plupart des champs avaient été marqués avec des signes d’avertissement pour les mines. En fait, il y avait tant de ces signes qu’on était forcé de les ignorer si on avait l’intention de continuer.

            Quand je suis revenu sur la plage, je me suis déplacé vers la droite du côté de la sortie.

            À ce moment là, j’ai vu un grand nombre d’hommes et d’officiers qui traînaient à ne rien faire. Certains étaient blessés, mais la plupart d’entre eux semblaient juste hébétés.

            Je suis tombé sur le major BINGHAM. Il m’a demandé si j’avais vu des hommes du second bataillon. Je lui ai dit que je savais où ils étaient. Il m’a demandé de l’aider à réunir les hommes.

            Le capitaine CAWTHON était avec lui. Un éclat d’obus avait traversé ses deux joues, et du sang jaillissait quand il parlait, mais il ne semblait pas dérangé par cela.

            Le long de la plage, avec d’autres hommes et le capitaine SCOTT, j’ai recueilli environ quarante hommes qui avaient été séparés de leurs sections et les ai amenés sur le même sentier que j’avais emprunté auparavant.

            Nous avons continué le long de la route jusqu’à un point situé à l’est de St Laurent sur Mer. À ce moment-là, nous avons rencontré des groupes de la First division.

            BINGHAM a ensuite tourné à droite le long de la route et est entré à St Laurent sur Mer. »

            Les deux pénétrations qui se forment, l’une à l’est et l’autre à l’ouest de Les Moulins, ne le sont pas aux sorties naturelles de la plage, mais plutôt sur les côtés des falaises qui sont moins fortement défendues.

            Au large des sorties de la plage, des positions sont toujours tenues par l’ennemi.

            Les défenseurs allemands, postés près des sorties, continuent à tirer avec un feu nourri sur la plage, avec moins d’intensité cependant que l’après-midi précédent.

            Ces positions ont été martelées et partiellement détruites par l’artillerie navale et par des tirs de chars, mais l’ennemi peut rester actif parce que les troupes américaines sur la plage sont trop faibles et désorganisées à ce stade.

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            Les ingénieurs, eux aussi, ont subi de lourdes pertes en personnel et en équipement, et de ce fait, ne peuvent pas travailler à la réduction des obstacles qui bloquent les sorties.

            En conséquence, les véhicules débarqués n’ont pas la possibilité de se déplacer hors de la plage ni même à la base des falaises. Sur la plage ouverte, les jeeps, chars, halftracks et camions, complètement exposés, encombrent cette bande étroite entre l’eau et la digue.

            Pour prévenir une aggravation de la congestion du trafic, le 7th Naval Beach Battalion, contrôle les débarquements, et communique par radio avec les navires en mer, il suspend tout débarquement, quel que soit le type de véhicule. DUKWS et RHINNO chargés de véhicules doivent rester au large.

            Cette situation gêne les pénétrations du soutien d’artillerie, des chars et des canons antichars. Par conséquent, l’avancée dans les terres se fait à un rythme plus lent.

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