Tullio MICALONI
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NUMERO DE SERVICE | 6885900 | |||||||||||||||||||||||
AGE | 31 ans | |||||||||||||||||||||||
DATE DE NAISSANCE | 9 Avril 1913 Oneida PENNSYLVANIA | |||||||||||||||||||||||
ETAT | PENNSYLVANIA | |||||||||||||||||||||||
FAMILLE |
Parents: Columba ROSSI & Luigi MICALONI Frère & Soeur: Luigi & Lena Jemma | |||||||||||||||||||||||
RADE | Staff sergeant | |||||||||||||||||||||||
FONCTION | Equipage Tank | |||||||||||||||||||||||
PROFESSION AVANT INCORPORATION | ||||||||||||||||||||||||
DATE D'INCORPORATION | 3 Décembre 1938 Fort Mc Dowell Angel Island CALIFORNIA | |||||||||||||||||||||||
COMPANY | Company C | |||||||||||||||||||||||
BATTALION | 712nd Tank Bataillon | |||||||||||||||||||||||
DIVISION | 90th Infantry division | |||||||||||||||||||||||
DATE DU DECES | 26 Juillet 1944 | |||||||||||||||||||||||
STATUT | KIA | |||||||||||||||||||||||
LIEU DU DECES | Périers | |||||||||||||||||||||||
CIMETIERE | NORMANDY AMERICAN CEMETERY de Colleville | |||||||||||||||||||||||
TOMBE |
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DECORATION |
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HISTOIRE | ||||||||||||||||||||||||
Luigi a émigré aux Etats-Unis en 1903 à l'âge de 20 ans, sans doute en partie pour échapper au service militaire. Avant cette date, il a été employé à l'Hôtel Nadela de Verla et est connu pour avoir appris le métier de viticulteur. Columba rejoint Luigi aux Etats-Unis en 1907, ils se marient le 2 Mai 1908 et le couple s'installe à Oneida. Sur leur certificat de mariage, le nom de famille de Luigi est Michelon. Oneida est une ville établie par la compagnie minière dans laquelle Luigi est mineur de fond. Un frère et une sœur sont nés avant Tullio. A la naissance de Tullio, le petit Luigi a déjà quatre ans et sa sœur Gemma deux ans. Un an après la naissance de Tullio, le petit Luigi meurt d'un empoisonnement en avalant des baies sauvages cueillies dans les buissons. Il est curieux de noter que Luigi est mort le 26 Juillet 1914 soit exactement trente ans avant que Tullio ne soit tué au combat le 26 Juillet 1944. L'année suivante naît une sœur Alma. L'autre année naît une autre sœur Elda et le 14 Mai 1920 un sixième enfant, un frère prénommé Lewis (l'auteur de ce récit). Hélas, quelques heures après cette naissance, Tullio et sa sœur Gemma se tiennent enlacés, assistant à la mort en couches de leur pauvre mère Columba. La sœur de Columba, Romana une veuve de 40 ans avec trois enfants, qui a déjà préparé son émigration vers les USA, s'empresse de quitter son village de Rabbi, afin de prendre soin de la famille Micaloni. Elle débarque avec deux de ses enfants, laissant le troisième, malade, avec ses grands parents, avec l'espoir de le faire venir rapidement. Malheureusement il décédera bientôt de tuberculose. Tullio n'a pas encore huit ans quand son père, Luigi, épouse sa belle-sœur Romana en Décembre 1920. Les deux enfants de Romana, Arthur 13 ans et Lena 9 ans s'ajoutent à la famille, soudain agrandie, qui installe sa résidence à Sheppton à deux kilomètres de Oneida. Les villages jumeaux de Oneida et de Sheppton sont deux petites colonies établies par les mineurs de charbon ayant émigré d'Europe. Elles sont situées près de la ville de Hazelton, dans une zone rurale forestière de haute montagne de grande beauté où les rivières poissonneuses, le gibier et les baies sauvages abondent, où les ours vagabondent librement, et où les serpent tiennent les habitants sur leurs gardes. Sheppton n'est pas propriété de la Mine, car chaque famille y possède sa maison. Cependant la Compagnie Minière des Frères Cox a juridiction sur tout aspect de leur emploi, et par conséquence sur leur pouvoir d'achat. Le travail de la mine est dangereux et les salaires bas, les éboulements et les coups de grisou sont fréquents. Il n'y a pas d'assurance couvrant les accidents ni d'indemnité de chômage. Les mineurs doivent payer leur note de pharmacie et subir les pertes de salaire dûes aux périodes de maladie et de convalescence. A cause des longues heures passées au fond de la mine, les pauvres ne voient que fort peu la lumière du jour. Cependant les familles s'entraident, soutiennent les veuves, aident les travailleurs blessés et leurs enfants. Ils célèbrent ensemble les dimanches et jours de fête avec des jeux, des danses et boivent en commun dans les saloons du village. C'est dans ce contexte que Tullio grandit. Ces événements ont déjà forgé son caractère. Tullio est gentil, calme, en retrait, "il était comme un saint" dit encore maintenant sa sœur Gemma. Il aime la vie au grand air, apprécie la beauté de sa maison dans la montagne. Très tôt il sait pêcher et chasse le petit gibier, ravi d'approvisionner ainsi la table familiale. A l'âge de 10 ans son père l'envoie dans une école de Waltham dans le Massachusetts, école dirigée par des Pères Stigmatini. L'objectif de cette école est de former des missionnaires pour les régions dites primitives du monde entier. L'entraînement est sévère, la discipline parfois cruelle. Tullio y est malheureux. Après deux années de présence, il est congédié de l'école, physiquement malade et moralement brisé. Le père de Tullio en est extrêmement déçu. Un an après ce retour à la maison, il est de nouveau sur pied. A l'école publique il devient un élève prometteur, intelligent et consciencieux. Malheureusement l'école locale ne donne que deux années de cours complémentaire. A la fin de ces deux années pointe déjà la Grande Dépression. La famille s'appauvrit et ne peut assurer la suite des études de Tullio. Se sentant obligé de pourvoir en partie aux besoins de la famille, Tullio accepte n'importe quel travail, n'importe lequel sauf celui de mineur de fond,car il est claustrophobe. Tous ces emplois sont temporaires. Il apprend aussi l'art de la boxe mais n'accepte jamais de combattre dans les villes lointaines. Il tient à rentrer chaque soir à la maison familiale. C'est alors qu'en 1936, à l'âge de 23 ans, il entre dans l'armée, conscient du privilège d'y avoir trouvé un emploi permanent. Pendant son séjour avec le 59e Régiment d'artillerie côtière dans les Philippines, il améliore sa technique de boxe et devient champion des poids Welter En Janvier 1939, il est transféré au 11e de Cavalerie dont l'état-major se trouve au Presidio de Monterey en Californie. Au sein de son Régiment, Tullio est pleinement heureux et satisfait. Il a trouvé le genre de vie qu'il aime. Pendant ce temps hélas, son père a développé la tuberculose des mineurs. Tullio lui rend visite à Noël 1938 et réalise que la santé de papa Luigi décline rapidement. Il meurt en Avril 1939 à l'âge de 56 ans. Tullio ne peut assister à ses funérailles. A la fin de 1940, le 11e de Cavalerie est transféré dans les camps du sud de la Californie. L'entraînement s'intensifie dans les collines proches de San Diego, suivi de manœuvres le long de toute la côte ouest. Tullio aime et maîtrise les rigueurs de la cavalerie militaire. Puis soudain tout change.
Mal équipés pour ce nouveau type d'activité, ils sont envoyés à l'école militaire de Fort Benning en Géorgie, pour tout apprendre sur les chars de combat. Les entraînements qui suivent affûtent leurs connaissances. En Septembre 1943, les hommes du 11e de cavalerie forment le nouveau 712e Bataillon de Chars. Ils sont prêt à participer à l'effort de guerre. Pauvre Tullio lui qui aime tant la vie au grand air, il se retrouve enfermé et à l'étroit dans un char. Le 712e est une unité majeure avec laquelle il faut compter au cours des nombreuses batailles pour la Libération de la France et la poussée vers l'est jusqu'en Tchécoslovaquie. Le 30 Juin 1944, le 712e débarque sur les côtes de France, les chars faisant leur passage au milieu des épaves d'Omaha-Beach et des débris du débarquement. La Compagnie B, celle de Tullio, participe à l'avance sur Saint-Jores. Les Compagnies C et D sont engagées à Sainte-Suzanne-en-Bauptois, Lithaire, le Mont-Castre (Hill 122), tandis que la Compagnie A soutient les paras de la 82e Airborne entre Prétot, Varenguebec et Brocquebœuf. Les combats parfois ne s'arrêtent pas à la nuit ; La Compagnie B poursuit vers le sud, et rejoint les Compagnies C et D pour chasser les Allemands du Mont-Castre (Hill 122), puis roule vers la Sèves. Pendant huit jours, c'est le grand nettoyage des les zones de combat. Les chars sont révisés et réparés. Des réunions sont organisées pour la prochaine bataille. Les hommes ont également le temps de se reposer, de se détendre, et de veiller à leur hygiène. Puis c'est l'attaque de l'Ile de Sèves (Seves Island) le 22 Juillet. Le 26 Juillet, une autre attaque est lancée pour la prise de Périers. Pour ce faire, un Peloton de la Compagnie B, celui de Tullio, renforce la Compagnie D du 712e en soutien du 359e Régiment d'Infanterie. Périers sera libéré le 27 Juillet mais la veille au soir, le char de Tullio heurte un empilage de mines près du Gué de la Carrière Hausley. | ||||||||||||||||||||||||
90th INFANTRY DIVISION - TOUGH OMBRES
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Mes Souvenirs sur mon frère, Tullio Micaloni (1913-1944)
D'abord je vois un grand jeune homme, dans mes yeux et dans mon cœur, l'homme que j'espérais devenir un jour, celui qui courait le plus vite, boxait mieux que quiconque de ma connaissance, l'homme qui aimait sa famille, ses pairs, ses voisins. Un être intelligent qui était respecté non seulement pour ce qu'il disait mais aussi pour sa façon de l'appliquer. Tullio n'était pas un bavard. Il parlait toujours sérieusement. Il était le genre d'homme que l'on aime avoir près de soi quand les choses vont mal. Je me sentais toujours en sécurité près de lui. Nous partagions la même chambre et, étant enfant, je n'avais jamais peur quand il était près de moi. Il reflétait une qualité que l'on ne rencontre pas souvent : Je voyais en lui un formidable ami, quelqu'un vers qui je pouvais me tourner pour demander un conseil ou de l'aide, en un mot un ami digne de confiance. Tullio ne se vantait jamais de ses qualités de boxeur. J'ai passé des quantités d'après-midi à m'entraîner avec lui. Il était, et de loin, beaucoup plus fort et meilleur boxeur que moi, mais il n'en a jamais abusé. Il m'aidait à améliorer mon style, sans jamais me blesser ou m'humilier. C'était un maître patient, même lorsqu'il m'aidait dans mes devoirs d'école. Cependant il savait être strict quand il pensait que j'avais besoin de discipline. Tullio adorait sa famille. Il voulait toujours faire honneur à son nom. Il aimait particulièrement sa seconde maman. Souvent je l'ai observé, alors qu'il l'aidait à s'asseoir à l'église, à monter dans le bus et à prendre soin d'elle par des petits riens. Pour elle, il a même appris à écrire dans sa langue, l'italien afin de pouvoir correspondre avec elle quand il était au loin. Il ne fréquentait pas les salles de billard ni les bars. Il chassait, pêchait et passait beaucoup de son temps dans la campagne profonde. Il avait construit une cabane en rondins, dans les bois à quelques kilomètres de la maison. Aujourd'hui encore, elle sert aux randonneurs de la région. Pendant qu'il étudiait au séminaire, il apprit à lire le solfège et à jouer de l'orgue. Souvent il jouait du petit orgue que nous avions à la maison et écoutait les concerts à la radio. Il jouait aussi au hockey sur glace et était un bon coureur sur piste. Je me souviens de Tullio comme d'un être exceptionnel. Il serait difficile de l'oublier. |
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La dernière lettre de Tullio Micaloni à sa mère
Le 3 Juin 1944
Chère Maman,
Tu dois penser que récemment je t'ai oubliée, ne t'ayant pas écrit une seule ligne depuis deux semaines. Aujourd'hui, maintenant que j'en ai terminé de bonne heure avec mes corvées quotidiennes, et jusqu'à ce que le soleil se couche, je vais pouvoir t'écrire autant que mon cœur le souhaite.
Il semble que c'était seulement hier que je vous ai tous quittés, alors que vous étiez assis sous la vigne vierge. Je partais pour un long périple autour du monde. Déjà huit ans sont passés si rapidement et loin de vous.
Quand j'y repense, tout cela me semble un énorme mauvais rêve. Et maintenant, assis ici en Angleterre, je me demande quel destin me réserve l'avenir. Voici longtemps, je pensais me fixer mais, comme tu le sais, la guerre est arrivée et je me retrouve ici de cette façon, tout comme Papa, à nouveau sur une grand route inconnue.
Ce que le futur nous réserve, personne ne sait, mais ce qui est certain, et là je te parie ma paire de bottes, c'est que dès que cette guerre sera terminée je retournerai à la maison et resterai sous la vigne vierge avec toi.
J'ai reçu la coupure de journal où il est question du petit exploit de Louis dans le Pacifique. L'Homme de Fer a recommencé, je pense qu'il mérite bien ce nom. C'est un frangin dont on peut être fier. Nom de nom, combien j'aimerais le rencontrer maintenant. Nous nous conduirions sans doute un peu comme des gamins un peu fous.
Je termine cette lettre avec des milliers de baisers et mes meilleurs souhaits pour toi, ma tante et Leona.
Je t'en prie Maman, te fais pas trop de souci pour moi, il nous faut encore cependant nous mesurer à l'ennemi.
Je t'aimerai toujours.
Ton fils qui t'aime. Tullio |
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"Les Quatre Braves"
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Tullio MICALONI | |||
Andrew Speese, Richard Richtman et Virgil Tangborn | |||
SOURCE INFORMATION & PHOTO | Marie-Laure COURAUD - Frédéric LAVERNHE - Abmc.gov - Findagrave.com - Aad.archives.gov |
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PROGRAMMEURS | Clive, Frédéric & Renaud |