Compte rendu du dossier IDPF du 2nd Lt. George E. Hendrickson, ainsi que du rapport d'identification des gendarmes français le 8 juillet 1944.


George E. HENDRICKSON, 82nd Airborne Division, 505th Parachute Infantry Regt.

Mort le 7 juillet 1944.


Compte rendu américain des circonstances sur l'entourage et la mort de X-160 (St James).


Concernant l'inconnu américain mort à St Rémi du Plain : l'information qui suit avait été rapporté par Pierre Hubert, de St Rémy du Plain, décédé depuis le 7 juillet, l'inconnu est arrivé dans la communauté le ou après le 4 juillet 1944.

Il était en compagnie du maquis, les résistants Français, il fut introduit à leurs rassemblements comme étant un officier Américain. Il parlait équitablement bien le français, cependant avec une légère inflexion dans la voix.

Trois jours avant un avion Allié avait atterrit en dehors du village, puis ensuite décollé à l'arrivée des villageois sur place, donc X-160 peut avoir été un membre de cet avion.

Suite de l'enquête : le 7 juillet 1944 à la carrière le St Rémy du Plain, l'état-major du maquis étaient capturé par la milice de Vichy, dirigé par Pierre Monnier, Émile Schwaller, et Leneuf. Huit hommes incluant X-160 étaient capturés, menottés et mitraillés à mort.
Malencontreusement tous ceux qui furent tués, étaient les dirigeants du maquis de cette section, seuls eux auraient put avoir donné davantage d'informations concernant l'inconnu X-160. Une tentative était faite pour connaître la vérité auprès de Monnier, Schwaller, et Leneuf, qui sont dans la prison en attendant leur exécution, mais ils niaient toute connaissance de l'affaire.

François Goude, gendarme à Antrain, a fait une recherche immédiate sur le lieux de l'exécution le 8 juillet 1944. Les sept corps du maquis local étaient identifiés ; tandis que l'inconnu fut enregistré sous X-160. Il était identifié par ses nouveaux vêtements français qu'il portait. Un contrôle dans le village n'indique pas comment, par qui il a été habillé. Le rapport du gendarme prouve que X-160 était vêtu d'un veston, d'un petit gilet, et d'un pantalon de drap noir à rayures grises, d'une chemise à petites rayures violettes. Dans une petite poche du gilet, se trouvait un gant de femme blanc, marqué au poignet et à l'intérieur avec du fil rouge "Mary E. Abshire", tamponné à l'encre noire sur la paume intérieure de la main de l'homme "H -7411".
Une description de l'homme montre qu'il était âgé de 28 à 30 ans, pour une taille de 1,80 m, d'une corpulence forte. Cheveux châtain clair, yeux bleus, nez rectiligne, visage ovale, rasé, bouche moyenne.
Marques particulières : calvitie frontale, ongles bien faits. Objets de sûreté, (genre masselottes) sans chaînes, aux poignets.

Les restes des huit hommes furent enterrés dans le cimetière de village à St Rémy du Plain. En 1945, les restes de l'inconnu X-160 étaient transférés au cimetière de St James, lot N, rangée 8, tombe 195.
Circulaire N°063 en date du 19 septembre 1944, secrétariat général des Anciens Combattants.
Saint Rémi du Plain, tombe n°5, décédé le 7 juillet 1944. Présumé sous-lieutenant parachutiste. Fusillé par la milice.


Certificat d'identification du corps X-160, en date du 20 novembre 1946 à Carentan.

Deux sous-vêtements de marque américaine. Marqué sur le tricot de corps, H-7411.

Étiquette estampillée PHJL. Q.M, Dépôt 43.


DRAWERS, COTTON, SHORTS : Size 40, G.E.H. marqué H 7411.


Corps définitivement identifié à la date du 7 juin 1948.

 

Courrier envoyé à la mère de George E. Hendrickson, originaire de la ville de Bergenfield, le 30 juin 1948, rapport final d'investigation.


Le 2nd Lt. Hendrickson George, Co "I", 3rd Bn. 505th Prcht Inf. né en 1918. Déclaré missing le 6 juin 1944 à la date du 1 août 1944.
Selon son dossier personnel, le Lt. Hendrickson a été capturé par les allemands vers 18h le 6 juin, près de St Mère l'Église, blessé légèrement, il est transféré dans un hospital près de Fressville.
Puis interné dans un camp au sud de St Lo, près de La Chapelle-sur-Vire.
Le 28 juin 1944, tout en étant transféré en autobus vers un autre camp de prisonniers allemand, George Hendrickson et deux autres officiers (Le 1st Lt. Robert D. Keeler et le 1st Lt. James Irwin), échappent à leurs ravisseurs allemands. Les trois hommes restent ensembles jusqu'au 2 juillet 1944, date à laquelle ils se séparent et prévoient de rejoindre les forces américaines. Les deux hommes qui accompagnaient George Hendrickson ont été récupérés le 12 août 1944 par les forces américaines.
Le 6 juillet George Hendrickson arrive dans le maquis de Broualan. le 7 juillet 44 vers 04h00 il est capturé par la milice et abattu lâchement avec sept autres Français.
Inhumé dans le cimetière local de St Rémy du Plain sous X-160, 2nd Lt parachutiste, inconnu.
George sera définitivement identifié le 8 juin 1948, grâce au rapport d'identification des gendarmes français, le gant de femme blanc, le tampon avec une partie de son ASN et plus tard avec son ASN sur ses sous-vêtements etc...


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Comme bien souvent l'enquête débute avec peu d'informations.

La mémoire les souvenirs locaux, la rapidité des événements en cette période, ne permirent pas de connaître le destin de cet homme fusillé, abattu un matin de juillet 1944.
L'enquête début par la question de mon ami Pierre, connais tu l'histoire de l'aviateur fusillé par les miliciens et les allemands à Saint Rémi du Plain, commune située au nord-est de Rennes.
Un monument est situé en à la sortie du bourg dans la campagne, monument aux huit victimes, sept résistants, et un américain inconnu. Un résistant figure lui aussi comme inconnu, il repose toujours dans le cimetière communal.
Il est trop long de raconter tous les événements, l'histoire lié au maquis de Broualan, jusqu'à la tragique journée du 7 juillet 1944.
Rémi Brune, résistant au maquis à édité un livre sur l'histoire de ce maquis et de ses hommes.
Mais qui était notre aviateur inconnu pendant soixante et un an ! mais pas inconnu !
Prenons un extrait du livre de Rémi Brune, le 7 juillet, peu après minuit le maquis de Broualan va être investi par 150 miliciens du "Bezen Perrot" , de la Milice de Darnand et des Allemands du SD.
Plusieurs dizaines de résistants sont arrêtés et embarqués à bord de cars et de voitures et se dirigent sur Cuguen. Il est environ 6 heures du matin. Après plusieurs arrêts et après avoir arrêté encore quelques hommes, les miliciens reprennent la route de Trans.
A environ 1,5 km de Saint Rémi du Plain, le convoi stoppe sur la gauche de la chaussée, en bordure d'un champ. Avant de stopper, des avions survolaient le convoi, provoquant un moment de panique chez les miliciens. Un des miliciens a alors déclaré : « Nous sommes trop chargés, nous allons alléger les véhicules ».
Une vingtaine de prisonniers sont alors descendus de l'autocar et conduits par les miliciens vers les carrières abandonnées de Touchasse.
Un à un les prisonniers vont passés devant un milicien appelé Monsieur Paul. Il va trier les hommes et en mettant huit de coté.
Les huit hommes retenus sont torturés, puis placés sur le bord du trou de la carrière, ils sont exécutés à coups de mitraillettes. Après avoir reçu le coup de grâce, leurs corps sont poussés au fond de la carrière.
Les corps sont ramenés à l'école des filles de Saint Rémi. Deux femmes, agents de liaison sont chargées d'aller reconnaître les huit fusillés. Chacune soulèvent un à un les draps. Elles reconnaissent l'Américain. Plusieurs corps ne sont pas immédiatement identifiables par les deux femmes.
Pour l'Américain on sait simplement qu'il était un parachutiste récemment tombé dans la région. Le 6 au soir, il fut recueilli par Paul Stéiss qui est allé le chercher à la Boussac. Il lui a donné des vêtements civils, a dîné chez Jean Lebois, puis l'Américain a été conduit à la Lopinière pour y passer la nuit.
Septembre 2005, identification de l'Américain.
Étant à la recherche de deux avions américains crachés dans le nord du département, mon enquête ma amené à contacter toutes les mairies du nord-ouest au nord-est de l'Ille & Vilaine.
De fil en aiguille mes investigations me ramène à rencontrer de nombreux témoins. L'un de ceux là a réalisé des travaux de recherche sur la résistance dans le canton d'Antrain.
Voici vingt cinq ans, la personne a retrouvé des documents importants. Il s'agit du dossier d'identification des huit fusillés. Dossier établi dans les jours suivants l'excursion des huit personnes à St Rémi du Plain, par la gendarmerie, sans doute parce que l'un des résistants tué était un des leurs.
Six hommes vont alors pouvoir être identifiés, un des résistants restera sans nom, ainsi que l'Américain.
L'Américain inconnu, ne possédait aucun papiers sur lui, juste un gant de femme blanc dans une de ses poches. Sur le gant, brodé au fil rouge le nom de Abshire Mary E.
Grand, cheveux bruns, yeux bleus, mais il avait sur dans sa main gauche écris avec un tampon à l'encre noir : H-7411.
Mon aviateur inconnu, n'était maintenant pour moi plus tout à fait un inconnu, des pistes s'offraient maintenant avec ce gant brodé sans doute au nom de sa fiancée ou femme.
Malgré une recherche sur le nom Abshire sur internet et dans la base de données des sépultures américaines, ce nom n'aboutit à rien.
Mais il me reste ce fameux marquage, un numéro de matricule me viens tout de suite à l'esprit, mais là aussi aucune piste.
Mais que faisait cet américain dans cette région, il était raconté qui était récemment tombé en Normandie, sans doute voulait il rejoindre un maquis.
Nous tardions pas à retrouver un nouveau crash, et précisément à quelques kilomètres de l'endroit où il fut recueilli.
Quelques semaines après notre chantier de fouille à Saint Georges de Gréhaigne sur un P-47, identifié en partie comme étant tombé entre le 6 juin et 31 juillet 44.
Notre certitude allait vers ce pilote de P-47, comme étant notre américain inconnu, surtout que d'après les témoins, l'aviateur de St Georges fut fait prisonnier par les soldats allemands dès qu'il toucha le sol après son parachutage.
Une idée me traversa l'esprit, ce fameux tampon H-7411, cette lettre et ses quatre chiffres, cette combinaison est elle commune aux soldats américains.
La question est rapidement posée sur un forum lié aux combats d'après le débarquement. Une réponse arrive néanmoins péniblement, la question portait sur un aviateur inconnu, le webmaster ne voyait pas l'intérêt de placer la question sur son forum.
La réponse arrive avec un internaute plus à l'écoute que les autres. Les matricules américain étaient composés, sur les équipements de l'initiale du nom de famile avec un - suivit des 4 derniers chiffres du matricule... donc ça ressemble bien au matricule du soldat...
Son nom de famille serait donc " H????..."et son matricule se terminerait par 7411 ...
Une rapide recherche dans la base de données de l'American Battle Monuments Commission's, plus de 12 000 noms, mais la série des quatre chiffres sort.
Notre aviateur est identifié, il s'agit du Second Lieutenant, de l'U.S. Army, George E. Hendrickson, ASN (army serial number) 1307411, de la 82nd Airborne Division, 505th Parachute Infantry Regt. Mort le 7 juillet 1944 et inhumé au Brittany American Cemetery St. James, France, Plot P Row 2 Grave 15.

Le mot parachutiste cité dans le livre de Rémi Brune avait un peu éveillé mes soupçons, mais que venais faire un parachutiste dans cette région, un officier améraicain en mission avec le maquis de Broualan ? mais alors pourquoi revêtir des vêtements civils.
A ce jour nous attendons le dossier IDPF de George E. Hendrickson, car nous constatons que ce soldat a donc été identifié depuis plus de soixante ans.
L'information n'est jamais remonté jusqu'à commune de Saint Rémi du Plain.
Pour la commémoration au monument des fusillés du 7 juillet, nous espérons qu'en 2006, le nom de George E. Hendrickson sera ajouté aux six autres hommes.
Alors que faisais George E. Hendrickson, parachutiste à la célèbre 82nd Airborne Division, mort dans notre département et bien loin de la Normandie. Région où ses soldats ont livrés bataille depuis le Day Jour.
Dans l'état actuel de nos renseignements, nous savons qu'un grand nombre de soldats américains, dont des parachutistes présents en Normandie, entre le 6 juin et le 30 juin, ont été faits prisonnier et ammenés dans un camp de prisonnier à Rennes.
George E. Hendrickson est sans doute un de ceux qui avait choisi de s'évader, le destin l'a placé dans cette région au mauvais endroit au au mauvais moment.

www.absa3945.com

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